Ma guerrière veut... de l'argent ! Décevant ?
Citation de Charlotte Cruz le février 25, 2025, 8:17 pm
- Mon combat était juste. Accepte-le ! Crie la guerrière en regardant sur la mapemonde la prochaine destination à découvrir, les prochaines traditions dont s’imprégner et les sagesses du monde à rapporter. Mon combat est juste, accepte-le, dit-elle encore, parcourant de son doigt peint en rouge les futures expériences à mener… Du temps, plus de temps,… Comment veux-tu faire et réaliser, si je ne mène pas le combat à tes côtés ? Si je n’initie pas le combat d’ailleurs… Parce que pour vivre ces expériences, il faut les créer… Stage intensif en République dominicaine, chasse aux contes à Bali, immersion avec les conteurs du désert marocain, retour aux sources chamaniques péruviennes, et la voix du geshe qui appelle si fort depuis Dharamshala, maison à construire en Cévennes, instruction en famille pour ta fille,… tant d’envies, tant d’envies, une seule vie… Du temps, il nous faut plus de temps… Mon combat est juste, accepte-le et soutiens-moi !
- Oui mais pas comme ça… Je réponds d’une petite voix. C’est attendu ici dans cet atelier, c’est attendu alors je le dis, peu convaincue…
Elle tourne le dos, avec son visage peint d’une trace rouge sous les yeux, sa peau animale nouée autour de la taille et sa lance, elle tourne le dos, hausse ses épaules dénudées et s’éloigne.
- Attends ! Ne pars pas ! Atelier ou pas, la panique s’empare de moi à la vue de son dos tourné, comme si c’était elle qui, au fond, allait m’abandonner ! Ne pars pas ! Reviens ! Je ne sais pas comment faire sans toi, même si tu es une fausse version de moi.
- Fausse, comment ça fausse ? Crie-t-elle en se retournant, outrée ! Je ne suis pas fausse, je suis vraie ! Plus vraie que le sang qui coule et les chairs qui s’ouvrent… J’étais là pour faire ce qu’il fallait quand il le fallait… Faiseuse d’anges pour faire passer l’enfant, initiatrice du premier pas vers des ailleurs meilleurs et inconnus, celle qui dialoguait avec les tiens quand tes mots manquaient pour expliquer tes départs de plus en plus lointains… Je suis force ! La force de faire les pas qui te séparent de l’avion, celui même qui te fit traverser le monde plusieurs fois à la quête de toi, la force de te faire avaler les remèdes et les eaux sacrées des chamanes des 4 coins du monde aux couleurs, aux goûts et aux effets douteux, de retourner la terre pour y mettre tes graines de demain plus saines, de construire en terre, en paille, de vivre si isolée au milieu de la beauté, de reconstruire tes nids chaque année, d’allaiter contre vents et marées, de travailler jour et nuit sans m’arrêter… relire les autres, créer, écrire pour soi, organiser, gérer, vendre, écrire, créer, accompagner les autres, animer, écrire, organiser, gérer… ! Sans moi tu aurais un enfant de 18 ans, toujours coincé dans le giron d’un ex-intoxiqué, crevant les yeux de ton père et ta mère par ta trajectoire de vie ratiboisée n’ayant jamais quitté ni Paris ni les tours de la Défense publicisées…
- Quand elle parle, je sens la force en moi couler, la rage s’insinuer, et j’aime ça ! J’aime tellement ça ! Ça pulse dans mes veines comme le chant des sirènes. J’attrape ces mains et lui murmure : Je te sens m’appeler vers l’urgence de réaliser, tout, tout le temps, tous les jours, à chaque instant… comme tu as noyé les marins attirés, je ne résiste pas à tes chimères, je plongerai corps et tête entière ! Car si je m’arrête, je meurs et avec moi tous mes projets avortés, mes révolutions à mener, mes mondes à améliorer, tous ces livres, de mes mots et de ceux des autres, à accoucher, ces savoirs à faire tourner, ces femmes à soutenir, ces hommes à réunir,… Cette famille à satisfaire… Si je m’arrête, je meurs, et avec moi la fierté du paternel sacrifiée, et avec moi les espoirs de la mère fantasmée et avec moi un monde meilleur pour la fille des fleurs que j’ai décidé de porter sur cette terre. Je dois assumer… Ne pars pas, je te suivrai !
Raclement de gorge, rrrrr, rrrrrr… À côté de nous, une troisième est là. Blanche comme neige, aux ailes vertes olives, diadèmes de perles de rosée, robe de feuille de châtaignier… elle regarde ses ongles noircis par la terre grattée… elle semble détachée, si détachée. Elle attire notre attention sur sa présence, sans rien demander de plus… Elle est là, et semble ne pas en être inquiétée. Je la regarde, ma guerrière la regarde et elle déclare :
- C’est lumière. Lumière est oisive, oisiveté m’est interdite. Je n’ai pas le temps de la contempler, pas le temps, je suis en retard… Nous sommes en retard… Je dois faire, créer, accumuler, avancer, concevoir, initier, protéger, accompagner.
- Lumière la regarde, fixe sans les yeux, sans pourtant porter un air de défi, elle dit de sa voix si claire : Guerrière voudrait courir dans les bois avec moi, oisive, elle veut être oisive… Guerrière voudrait, mais guerrière se croit empêchée… Pourtant elle pourrait.
- Non, je ne peux pas, qui va gérer si on s’enfuit dans la forêt ?
- Guerrière a besoin de sécurité. Comme elle a déjà l’émotionnel stabilisé, et une bonne partie de la vie bien réglée, parce qu’il faut le dire, guerrière, tu as géré comme une chef de troupe ! Ce qu’il te manque, ce serait…
- L’argent,
- L’argent ?
- Oui, comment continuer d’explorer le monde et le dehors sans argent ? Cette énergie qu’il faut troquer pour se déplacer… Cette énergie qu’il faut accumuler pour pouvoir faire circuler ensuite nos idées…
- L’argent, dis-je d’un coup, coupant leur conversation ? Ben ça c’est la meilleure ! Je pensais pas… C’est vraiment ça qui sort maintenant ? Roh c’est nul ! Tu veux de l’argent, guerrière, alors on va en trouver ! Comme on a toujours fait !
- Oui, mais c’est épuisant de créer de l’argent qui rentre sans détruire notre planète. Trouver des moyens équitables, justes, qui ne font de mal à personne, qui ne volent ni ne lésent… Ma guerre, c’est celle contre le système et son capitalisme dégueulasse ! Montrer, prouver aux artistes et aux autres qu’on peut gagner en compétition, sans écraser, sans mettre en danger… Développer 1001 actions légitimes et bienveillantes pour créer de l’argent dans une société où c’est si souvent synonyme d’esclavage… Comment créer de la valeur dans un monde qui en a de moins en moins. Comment gagner sa vie sans que personne ne perde la sienne par nos actions ? Comment se développer en développant les autres, donner sans prendre mais créer de l’argent sans en prendre ? C’est épuisant ce combat sous silence, c’est honteux en plus… Parler d’argent, vouloir l’argent, pour toi la bienveillante… ahaha vaste débat ! Mais je suis là pour faire ce qu’il faut quand il faut…
- La lumière continue, sans moquerie, juste avec sa voix calme : “Ce combat-là est plus que quotidien, il est éternel, il est chaque seconde, il n’est pas légitime, tu l’as bien choisi pour être sûre de ne jamais déposer ta lance et tes armes. Silence mutin, œillades de côté, elle continue en la regardant… La guerrière, ce qu’elle veut, c’est la Terre Mère, elle veut enfouir sa tête dedans, se recouvrir de sa poussière, comme au Pérou, en Inde où il n’y avait rien à faire, où oisif était notre pain quotidien. La guerrière est abeille travailleuse, fourmi ouvrière, la guerrière crée, met à l’abri, nourrit des fantasmes de mode de vie, voyage, maternité, édition bienveillante, actrice, accompagnatrice des élans des autres, animatrice d’ateliers d’écriture, mais la guerrière voudrait tout foutre en l’air et ne lutter que pour du temps libre à grappiller…
- C’est si vrai, poursuit ma guerrière, tombant à genoux sous le poids de la déclaration de la lumière. C’est si vrai… Ce pas vers toi, lumière, je veux le faire… Je veux le silence et la forêt, je veux l’ennui et l’oisiveté, mais sans la culpabilité…
En prononçant le mot culpabilité, lumière et guerrière tournent la tête vers moi. Lumière poursuit :
- La culpabilité, c’est son rayon à elle, le soi, l’être qui nous unit… Alors t’en dis quoi ? On essaye de mettre la culpabilité sur le côté de ton système pour que Guerrière puisse venir jouer avec dans la terre ? On verra bien ce qui se passera pour toi si tu acceptes de mener cette expérience-là ? Cap ou pas cap ?
- Un taureau ailé passa dans le ciel derrière ce tableau en clair-obscur, il me cria : allez grimpe avec moi et laisse culpabilité en bas ! Ne brise pas l’élan de vie de ta guerrière, regarde là, elle a déposé sa lance, les armes aux pieds de Lumière, laisse-les passer du temps ensemble, protège les élans de lumière et ceux de guerrière. Cap ou pas cap ? Faisons en sorte que tes rêves ne reflètent pas la mort des nôtres !
- Mon combat était juste. Accepte-le ! Crie la guerrière en regardant sur la mapemonde la prochaine destination à découvrir, les prochaines traditions dont s’imprégner et les sagesses du monde à rapporter. Mon combat est juste, accepte-le, dit-elle encore, parcourant de son doigt peint en rouge les futures expériences à mener… Du temps, plus de temps,… Comment veux-tu faire et réaliser, si je ne mène pas le combat à tes côtés ? Si je n’initie pas le combat d’ailleurs… Parce que pour vivre ces expériences, il faut les créer… Stage intensif en République dominicaine, chasse aux contes à Bali, immersion avec les conteurs du désert marocain, retour aux sources chamaniques péruviennes, et la voix du geshe qui appelle si fort depuis Dharamshala, maison à construire en Cévennes, instruction en famille pour ta fille,… tant d’envies, tant d’envies, une seule vie… Du temps, il nous faut plus de temps… Mon combat est juste, accepte-le et soutiens-moi !
- Oui mais pas comme ça… Je réponds d’une petite voix. C’est attendu ici dans cet atelier, c’est attendu alors je le dis, peu convaincue…
Elle tourne le dos, avec son visage peint d’une trace rouge sous les yeux, sa peau animale nouée autour de la taille et sa lance, elle tourne le dos, hausse ses épaules dénudées et s’éloigne.
- Attends ! Ne pars pas ! Atelier ou pas, la panique s’empare de moi à la vue de son dos tourné, comme si c’était elle qui, au fond, allait m’abandonner ! Ne pars pas ! Reviens ! Je ne sais pas comment faire sans toi, même si tu es une fausse version de moi.
- Fausse, comment ça fausse ? Crie-t-elle en se retournant, outrée ! Je ne suis pas fausse, je suis vraie ! Plus vraie que le sang qui coule et les chairs qui s’ouvrent… J’étais là pour faire ce qu’il fallait quand il le fallait… Faiseuse d’anges pour faire passer l’enfant, initiatrice du premier pas vers des ailleurs meilleurs et inconnus, celle qui dialoguait avec les tiens quand tes mots manquaient pour expliquer tes départs de plus en plus lointains… Je suis force ! La force de faire les pas qui te séparent de l’avion, celui même qui te fit traverser le monde plusieurs fois à la quête de toi, la force de te faire avaler les remèdes et les eaux sacrées des chamanes des 4 coins du monde aux couleurs, aux goûts et aux effets douteux, de retourner la terre pour y mettre tes graines de demain plus saines, de construire en terre, en paille, de vivre si isolée au milieu de la beauté, de reconstruire tes nids chaque année, d’allaiter contre vents et marées, de travailler jour et nuit sans m’arrêter… relire les autres, créer, écrire pour soi, organiser, gérer, vendre, écrire, créer, accompagner les autres, animer, écrire, organiser, gérer… ! Sans moi tu aurais un enfant de 18 ans, toujours coincé dans le giron d’un ex-intoxiqué, crevant les yeux de ton père et ta mère par ta trajectoire de vie ratiboisée n’ayant jamais quitté ni Paris ni les tours de la Défense publicisées…
- Quand elle parle, je sens la force en moi couler, la rage s’insinuer, et j’aime ça ! J’aime tellement ça ! Ça pulse dans mes veines comme le chant des sirènes. J’attrape ces mains et lui murmure : Je te sens m’appeler vers l’urgence de réaliser, tout, tout le temps, tous les jours, à chaque instant… comme tu as noyé les marins attirés, je ne résiste pas à tes chimères, je plongerai corps et tête entière ! Car si je m’arrête, je meurs et avec moi tous mes projets avortés, mes révolutions à mener, mes mondes à améliorer, tous ces livres, de mes mots et de ceux des autres, à accoucher, ces savoirs à faire tourner, ces femmes à soutenir, ces hommes à réunir,… Cette famille à satisfaire… Si je m’arrête, je meurs, et avec moi la fierté du paternel sacrifiée, et avec moi les espoirs de la mère fantasmée et avec moi un monde meilleur pour la fille des fleurs que j’ai décidé de porter sur cette terre. Je dois assumer… Ne pars pas, je te suivrai !
Raclement de gorge, rrrrr, rrrrrr… À côté de nous, une troisième est là. Blanche comme neige, aux ailes vertes olives, diadèmes de perles de rosée, robe de feuille de châtaignier… elle regarde ses ongles noircis par la terre grattée… elle semble détachée, si détachée. Elle attire notre attention sur sa présence, sans rien demander de plus… Elle est là, et semble ne pas en être inquiétée. Je la regarde, ma guerrière la regarde et elle déclare :
- C’est lumière. Lumière est oisive, oisiveté m’est interdite. Je n’ai pas le temps de la contempler, pas le temps, je suis en retard… Nous sommes en retard… Je dois faire, créer, accumuler, avancer, concevoir, initier, protéger, accompagner.
- Lumière la regarde, fixe sans les yeux, sans pourtant porter un air de défi, elle dit de sa voix si claire : Guerrière voudrait courir dans les bois avec moi, oisive, elle veut être oisive… Guerrière voudrait, mais guerrière se croit empêchée… Pourtant elle pourrait.
- Non, je ne peux pas, qui va gérer si on s’enfuit dans la forêt ?
- Guerrière a besoin de sécurité. Comme elle a déjà l’émotionnel stabilisé, et une bonne partie de la vie bien réglée, parce qu’il faut le dire, guerrière, tu as géré comme une chef de troupe ! Ce qu’il te manque, ce serait…
- L’argent,
- L’argent ?
- Oui, comment continuer d’explorer le monde et le dehors sans argent ? Cette énergie qu’il faut troquer pour se déplacer… Cette énergie qu’il faut accumuler pour pouvoir faire circuler ensuite nos idées…
- L’argent, dis-je d’un coup, coupant leur conversation ? Ben ça c’est la meilleure ! Je pensais pas… C’est vraiment ça qui sort maintenant ? Roh c’est nul ! Tu veux de l’argent, guerrière, alors on va en trouver ! Comme on a toujours fait !
- Oui, mais c’est épuisant de créer de l’argent qui rentre sans détruire notre planète. Trouver des moyens équitables, justes, qui ne font de mal à personne, qui ne volent ni ne lésent… Ma guerre, c’est celle contre le système et son capitalisme dégueulasse ! Montrer, prouver aux artistes et aux autres qu’on peut gagner en compétition, sans écraser, sans mettre en danger… Développer 1001 actions légitimes et bienveillantes pour créer de l’argent dans une société où c’est si souvent synonyme d’esclavage… Comment créer de la valeur dans un monde qui en a de moins en moins. Comment gagner sa vie sans que personne ne perde la sienne par nos actions ? Comment se développer en développant les autres, donner sans prendre mais créer de l’argent sans en prendre ? C’est épuisant ce combat sous silence, c’est honteux en plus… Parler d’argent, vouloir l’argent, pour toi la bienveillante… ahaha vaste débat ! Mais je suis là pour faire ce qu’il faut quand il faut…
- La lumière continue, sans moquerie, juste avec sa voix calme : “Ce combat-là est plus que quotidien, il est éternel, il est chaque seconde, il n’est pas légitime, tu l’as bien choisi pour être sûre de ne jamais déposer ta lance et tes armes. Silence mutin, œillades de côté, elle continue en la regardant… La guerrière, ce qu’elle veut, c’est la Terre Mère, elle veut enfouir sa tête dedans, se recouvrir de sa poussière, comme au Pérou, en Inde où il n’y avait rien à faire, où oisif était notre pain quotidien. La guerrière est abeille travailleuse, fourmi ouvrière, la guerrière crée, met à l’abri, nourrit des fantasmes de mode de vie, voyage, maternité, édition bienveillante, actrice, accompagnatrice des élans des autres, animatrice d’ateliers d’écriture, mais la guerrière voudrait tout foutre en l’air et ne lutter que pour du temps libre à grappiller…
- C’est si vrai, poursuit ma guerrière, tombant à genoux sous le poids de la déclaration de la lumière. C’est si vrai… Ce pas vers toi, lumière, je veux le faire… Je veux le silence et la forêt, je veux l’ennui et l’oisiveté, mais sans la culpabilité…
En prononçant le mot culpabilité, lumière et guerrière tournent la tête vers moi. Lumière poursuit :
- La culpabilité, c’est son rayon à elle, le soi, l’être qui nous unit… Alors t’en dis quoi ? On essaye de mettre la culpabilité sur le côté de ton système pour que Guerrière puisse venir jouer avec dans la terre ? On verra bien ce qui se passera pour toi si tu acceptes de mener cette expérience-là ? Cap ou pas cap ?
- Un taureau ailé passa dans le ciel derrière ce tableau en clair-obscur, il me cria : allez grimpe avec moi et laisse culpabilité en bas ! Ne brise pas l’élan de vie de ta guerrière, regarde là, elle a déposé sa lance, les armes aux pieds de Lumière, laisse-les passer du temps ensemble, protège les élans de lumière et ceux de guerrière. Cap ou pas cap ? Faisons en sorte que tes rêves ne reflètent pas la mort des nôtres !