Fil d’Ariane du forum – Vous êtes ici :ForumCycle 1 : Lignées et Racines: Conte ton odysséeLa Karlyssée
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La Karlyssée

J’ai émergé d’un coquillage sur la plage. Je me suis dirigée vers la mer, suivant son sillage. J’ai remonté le temps, le sable crissait sous mes pas, sec d’abord, insaisissable puis il s’est peu à peu densifié sous mes doigts de pieds. 

À force de ramper j’ai atteint le sable mouillé, j’y ai vu les traces de mes parents effacées. J’ai bien tenté de marcher dans leur pas, mais je les ai vite perdus malgré moi. Pourtant je n’ai pas oublié le chemin vers l’eau telle une tortue à peine née. Il paraît que c’est le reflet de la lune qui doit me guider. 

J’y suis alors entrée et me suis mise à nager dans cette immensité. La caresse de l’eau, le sel qui tiraille, les créatures maritimes qui me frôlent, menaces ou promesses invisibles et cette eau noire autour de moi, calme qui ne reflète que la Lune et les étoiles. C’est le sel de ma vie que je goûte, celui qui représente mon identité dissoute.

Je plonge et j’ondule dans l’Océan, force incarnée luttant pour rester en mouvement. Il faut avancer, car c’est en explorant que l’on se découvre. Je peux visiter les fonds marins dans mon expédition personnelle, je peux tout obtenir à force de volonté, c’est ça mon odyssée à moi. Je vais la chercher.

Mais c’est de la lumière que je m’éloigne en plongeant ainsi vers le fond, sans m’en apercevoir dans des eaux cristallines, c’est la Lune que je quitte. Là immergée, je découvre d’autres nuances alors qu’au-dessus de moi se déchaînent les tempêtes. Dans ces fonds marins immenses, l’eau glacée qui m’entoure et m’engourdit s’étire devant mes yeux ébahis et je vois s’épanouir la vie.

Charlène, Karl, Karlyssée force incarnée, bercée par les courants c’est vers les grands fonds que je suis happée. Je suis en apnée, je peux m’en sortir. C’est le sel de ma vie que je goûte, celui qui représente mon identité dissoute. C’est un trésor que je viens chercher, mais je dois d’abord plonger avant de pouvoir remonter. C’est un monde dangereux qui demande de franchir des paliers à la descente, comme à la montée. On se perd dans des grottes sous-marines mais c’est ce silence angoissant qui révèle les plus grandes beautés. Là où s’échouent les épaves et les plus grandes épopées. Un pan d’histoire disparu à jamais, bien caché.

Du corail, des paillettes de lumière et des formes insoupçonnées, car même au fond il y a de la beauté. Il faut respirer, je suis toujours en apnée, à la limite de mes capacités, mais je peux tout obtenir à force de volonté. J’effleure les fonds et soulève la vase peu importe ce que je touche. Pendant un moment, je n’y vois plus, perdue dans le brouillard des particules qui volent. Puis, tout retombe et autour de moi je redécouvre le monde.

Dans une transe, je me mets à flotter, à danser, mon corps ne me pèse plus et je suis libre de mes mouvements. J’essaye de tournoyer autour d’une méduse translucide. Dans ce monde intérieur, je suis apaisée et je m’émerveille de la vie. Mais je sais que je dois remonter, que je suis attendue et c’est par palier que j’entame ma merveilleuse odyssée. Les paysages que j’ai vus en bas sont gravés dans ma mémoire. Là-bas, au fond, c’est le sel de ma vie que j'ai goûté, celui qui représente mon identité dissoute.