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Je suis sortie trop vite après être restée un peu plus longtemps que prévu en toi.

Je suis sortie trop vite après être restée un peu plus longtemps que prévu en toi. 

Maman, tu m’as donné tant de toi. Tu m’as appris à devenir moi. Tu m’as encouragée, consolée, relevée, soignée, portée, parfois surestimée. Mais jamais, jamais tu ne m’as abandonnée.

Tu n’es pas mère louve, mais plutôt mère ours.

Tu m’as voulue si fort que tu as pris un grand risque. Celui de me mettre au monde, même si mon père allait être un danger pour moi. Tu ne le savais pas encore. Tu ne l’as pas compris, tu ne pouvais pas le voir, car on ne t’avait pas appris à faire de toi une priorité. Et pourtant il a été si facile pour toi de les redéfinir, les priorités, et de me faire passer avant tout.

Je ne t’en veux pas. Tu ne pouvais pas voir le mal qu’il pourrait nous faire en te donnant ce si beau cadeau que tu attendais tant : un enfant. Lui avait déjà un pied dans la tombe dans laquelle tu n’avais pas prévu de le suivre. La vérité est là, sans toi, je ne serai pas, car une part de lui n’était déjà plus. Tu ne t’es pas laissé entraîner dans cette spirale infernale. 

Pour moi, tu as arrêté de fumer du jour au lendemain et tu n’as jamais repris. Tu as appris que j’étais là, enfin, et c’était tout. Pas besoin d’autre motivation, ça n’était même pas si difficile. Je t’admire pour ça. Ce que tu fais pour moi n’est jamais un problème ou un sujet. Tu m’as choisie pleinement. Rien n’est assez beau. La question ne se pose pas.

Est-ce parce que je suis sortie trop vite après être restée un peu plus longtemps que prévu en toi ?

Tu aimes inconditionnellement. Tu ne te poses pas de questions pour savoir si on mérite ton amour. C’est de cet amour sans concession que tu m’as couverte et bercée. J’ai tant de chance de n’avoir jamais eu à en douter, de t’avoir toujours eue à mes côtés et de savoir que seule la mort nous séparera. Et encore… Tu seras toujours là dans ma vie. Car tu construis avec moi les souvenirs qui me resteront pour que je me sente moins seule le jour où tu ne seras plus là. Tu penses au-delà de ta propre vie pour que je ne me sente jamais, jamais abandonnée. 

Est-ce parce que je suis sortie trop vite après être restée un peu plus longtemps que prévu en toi ?

J’ai tant à te dire, mais rien que tu ne saches déjà. Pas de secrets entre nous. Tu n’es pas la mère qui me fait la morale. Tu n’es pas la mère qui me reproche mes tatouages, mais la mère qui me demande si ça fait mal. Tu es la mère qui écoute et qui s’est accomplie bien au-delà de ce rôle.

Tu n’es pas mère à me faire sentir que je suis un poids. Pour toi, j’étais un cadeau, tu m’as longtemps répété que j’étais un enfant désiré. J’étais surtout désirée par toi. Tu m’as aussi dit que tu étais plus femme que mère, mais maman, je te le confie : je pense que tu te mentais à toi-même. Car la femme épanouie que tu es aujourd’hui a grandi grâce à notre relation. Tu es née femme quand ta fille adolescente a voulu te voir femme : femme forte, femme indépendante, femme capable, femme même sans un homme à ses côtés. C’était là en toi, mais tu as toujours été infantilisée par ton entourage et noyée dans ton amour pour les autres. Maman, je suis fière de toi, fière de la femme que tu es.

Dans tous les cas, tu me désirais si fort que tu as tissé avec moi un lien indestructible. De famille, je n’ai plus que toi, mais sache que c’est déjà tout. Tout ce qu’on peut espérer d’amour sincère, parfois étouffant, souvent si touchant. 

Est-ce parce que je suis sortie trop vite après être restée un peu plus longtemps que prévu en toi ?

Mère ourse, tu n’es pas mère à faire du mal à tes petits. Tu n’es pas non plus mère d’une unique portée et pourtant tu n’as eu que moi. Ça, ça n’était pas un mensonge à toi-même. Tu as trop d’amour à donner pour te contenter d’une seule personne. Tu as dû faire avec, alors j’en ai peut-être reçu un peu plus, mais je crois que ça n’aurait rien changé à notre relation. Toi et moi par contre, on aurait été moins seules.  

Tu n’as pas fait de moi ton tombeau vivant, car tu me donnes tes pierres en héritage pour bâtir dessus le plus beau des châteaux : celui à mon image. Confiance, soutien et marques de toi, partout dans mon quotidien. Tu es la relation mère-fille que je voudrais construire si j’avais un jour un enfant, mais je ne saurais pas aussi bien le faire. Maman, tu me rends fière.